Semi-marathon de Paris : annulé, Triathlon L de Cannes : annulé, Half d’Aix : annulé, Etape du Tour : annulée, le triathlon L de Deauville était donc ma seule chance de courir en 2020. Et puis, Cécile s’est inscrite au Championnat de France LD de Cagnes et puis, j’ai fait pareil et j’ai revendu mon dossard pour Deauville.
Ce vendredi 25 septembre, tout est prêt pour aller chercher le titre dans le Sud, les billets de train achetés, le taxi réservé, la dog sitter confirmée. Cécile blessée ne peut pas courir et a finalement reporté son dossard sur 2021. Néanmoins, elle va m’accompagner avec son vélo, fera un petit tour du côté du Tanneron et m’encouragera sur la course.
Oui, mais non, sur les coups de 11h, je pose la question qu’il ne faut pas poser : « T’as vraiment envie d’y aller ? ». Après quelques minutes de discussions, non, oui, non, oui, oui, non, non, comme tu veux… la sentence tombe, on n’y va pas mais je vais me faire mon Championnat de France à la maison (histoire de rentabiliser la presta de coaching, les stages et de ne pas avoir fait tout cet entraînement pour rien…).
Un Longue Distance, c’est long mais un Longue Distance seul, c’est Très long (très belle phrase issue de ma culture footballistique). Je décide donc de rechercher un adversaire suffisamment fort pour m’accompagner mais pas trop pour que je puisse au final triompher. Orion et Walter ont les profils idéaux, Orion vient de se faire deux triathlons L dans des conditions pourries (Vercors et Ventoux men), il est donc cramé et Walter traine une blessure au genou qui l’handicape fortement sur la Cap.
Le second décline l’invitation prétextant une envie d’aller rouler cool en chevreuse (comprenez j’ai pas envie d’être le dindon de la farce) quand le premier accepte de m’accompagner sans trop réfléchir.
Samedi 26 septembre, 6h45, Orion pointe le bout de son guidon dans ma rue. Nous sautons dans ma 308 de compétition, direction la piscine de Boulogne Billancourt. Orion enfile son magnifique maillot de bain « frites » que je viens de lui offrir (maillot de bain qu’il portera sur toutes les prochaines séances club) et nous voilà partis pour la natation de ce triathlon improvisé. Orion pense que 2000m c’est déjà bien mais je persiste dans mon acharnement et me la colle sur 3000m en 55′, les spécialistes apprécieront !
Retour à Chaville et le gang des Cervélo R5 part à la conquête de la vallée de Chevreuse ! Orion me prévient d’entrée : « Je reste dans les roues, je suis crevé, c’est ta course et j’assume pleinement ! ». Il va respecter son engagement et ne passera devant que dans les côtes, histoire de me rappeler que dans ce domaine, actuellement, je suis vraiment nul (dixit l’intéressé lui-même…). Le vent est de la partie (21km/h selon Strava) et j’ai l’impression que nous l’avons toujours de face. Après 100 bornes ajustées par quelques vire-vire dans les rues de Cat City et 1000m de D+, nous arrivons à T2 en 3h32, soit un magnifique 28,3km/h de moyenne et 179 watts développés (amis statisticiens régalez-vous !)
Le parcours Cap est simple, tu montes sur le plateau, dans la forêt de Meudon, tu cours 10 bornes tout droit (ou presque), tu fais demi-tour et tu rentres. Cécile nous suivra en VTT et portera mon ravitaillement liquide, j’ai également pris un gel, ce qui s’avèrera largement insuffisant pour la distance à parcourir… Comme prévu, mon ami Orion n’est pas en grande forme, dés le départ, il envisage de réduire la distance de moitié et essaye même de me dissuader de faire les 20 bornes. Pas question, je vais le gagner ce titre de Champion de France. Au troisième kilomètre, je lui porte le coup de grâce, j’approche les 12km/h et je sais que cette vitesse supersonique va lui être fatale. Ce que je ne sais pas encore, c’est qu’elle va aussi m’être fatale… A 7,12km, Cécile vient à ma hauteur avec le VTT ravito/ouvreur, elle me dit qu’Orion est au plus mal 4km derrière (je pense qu’elle exagère légèrement…), elle m’invite à boire et me dit que je risque de ne pas la revoir tout de suite. 10ème kilomètre, je m’offre quelques pas de marche et savoure mon gel, c’est parti pour le retour à la maison. Les kilomètres s’enchainent et toujours pas de vélo ravito, le seul point d’eau sur le parcours est à sec, je commence à m’énerver, à être fatigué et à perdre le moral. Au kilomètre 15, je craque et commence à marcher, les 5 derniers kilomètres seront une alternance course/marche, seul dans la forêt, c’est dur… Cécile est au chevet d’Orion, incapable de retrouver son chemin et qui rentre tranquillement à la maison en lui faisant la causette. Au final, j’affiche un joli 10km/h à l’issue de cette Cap Trail qui ne restera pas dans les annales du sport.
Je passe la ligne d’arrivée en 6h26’28 » et remporte donc ce titre grandement mérité de Champion de France à domicile. Félicitations à mon dauphin (titre plutôt mal choisi étant donné qu’il nage comme une pierre), Orion et puisqu’il faut un troisième sur le podium, j’attribue ce titre à Walter car étant mon voisin c’est d’autant plus pratique…
Ma saison de triathlon se termine sur cette magnifique performance, en ces temps compliqués, j’espère avoir réussi à vous tirer un petit sourire à travers ce compte-rendu de course.
Je ne sais pas où nous allons avec ce virus mais je sais que les départs de Jo et d’André ne feront que noircir le tableau de cette année de merde, même si ça ne sert à rien, je leur dédie cette course, ils resteront à jamais dans ma mémoire.